
Une écuelle rampante dans la boue
Une pluie de sang qui s’active
De la pisse sur ma lettre
Des torrents de balles engloutissent mes camarades
Les uniformes mitraillés
Le drapeau est tombé
Les vergers déracinés
Les tournesols écrasés
Notre monde n’est plus qu’un tas de boue, de merde et de sang
Nous tous au milieu de ce tableau Picasso complètement tremblant
Comme j’ai peur
Comme j’ai peur
Les genoux dans la flotte pourquoi
Me battre contre un homme que je ne connais pas
Et pour éviter de penser à tout cela
Je pense à toi
Je me rappelle un souvenir
Rien qu’un souvenir
Ton rire, l’odeur de ton parfum
Je suis bien
Je peux te toucher la main
Sentir le contact de tes seins
Te serrer fort contre moi
Enfin je m’enfuis de là
Et quel doux présage
Ce qu’on est bien loin du carnage
Mais j’entends un bruit de canon
Non ! Bordel mon amour je veux pas crever comme un con
Comme j’ai peur
Comme j’ai peur
Un geste du commandant et vlan !
Tout le monde au premier rang
Tout droit, tout droit direction place de l’enfer
Tout droit, tout droit puis mille pieds sous la terre
Toutes ces ombres noires, ces formes bizarres
Un troupeau de vaches à l’abattoir
Je prie un dieu que je ne vois pas
Je brandis le bras pour mon pays
Pour un président que je ne connais pas
Je cours pour ma patrie
Je fonce sur l’ennemi
Je tombe
Et personne ne m’applaudit
Je n’ai plus peur
Je n’ai plus peur
Je t’aimais ma vie
Mais maintenant je n’ai plus peur